Il y a eu 12 rafles et 3 transports à Bordeaux, mais je ne présente ici que des archives qui concernent les trois rafles au cours desquelles ma famille bordelaise fut déportée. Les documents datent 1942, la pire période pour les Juifs de France… « l’année noire » au cours de laquelle, en quatre mois, partiront près de la moitié des convois de déportés de la guerre – soit 34 convois sur 79.
La première pièce
Courrier de M° Boulanger déposant plainte contre Maurice Papon au nom de la famille Matisson-Fogiel, le 8 décembre 1981.
Il s’agit du courrier de notre avocat, Gérard Boulanger déposant plainte contre Maurice Papon au nom de notre famille. Mon père Maurice Matisson, ma grand-mère Ilka, Jacqueline en français, ma cousine Esther Fogiel et moi-même sommes les quatre premiers plaignants, ceux qui ont déclenché l’affaire et ceux qui ont été toujours présents dans la procédure. À chaque annulation, la justice revenait à notre dépôt de plainte initial. C’est la raison pour laquelle, elle est cotée D1/1.
Les premières archives
Le 18 octobre 1940, le statut des Juifs est publié au journal officiel. Ici nous avons le brouillon annoté de la main même de Pétain où, pour la première fois, l’État français définit une race juive. À chaque fois que son écriture apparaît, c’est pour aggraver le statut des Juifs et les mesures qui sont proposées. Pétain apparaît donc comme un antisémite, ce qui donne un sens très particulier à l’action de tous ces présidents qui, jusqu’à Mitterrand, ont continué à fleurir sa tombe dans le cimetière communal de Port-Joinville, le principal village de l’île d’Yeu, en signe de respect.
La rature de l’alinéa a) de l’article 4 condamne les Juifs bordelais (communauté de 5000 Juifs environ avant guerre), puisque la communauté juive bordelaise est marrane – c’est à dire qu’elle est arrivée en France entre les années 1500 et 1600.
Été 1942, au cœur de l'année noire
Un ordre d’arrestation signé Papon, juin ou juillet 1942 :
Je charge pour le moment, M. le commandant de Gendarmerie de procéder à l’arrestation de ces Juifs et à leur transfèrement au camp de Mérignac, me réservant dès qu’ils auront été rassemblés dans le camp, de prescrire leur mise en route sur le camp de Drancy.
signé p. le préfet régional
Le secrétaire général
Maurice Papon
Papon et Varaut, son avocat ne cesseront de dire au cours du procès que Papon n’a jamais signé d’ordre d’arrestation.
12 équipes, 24 inspecteurs. Puis 11 équipes, 22 inspecteurs pour aller arrêter les Juifs, dans le premier cas les Husetowski, et dans le second les Alisvaks.
14 juillet 1942
Papon à Leguay. On notera qu’il emploie le mot de « déportation », lui qui affirmait au procès « Oui, mais on ne savait pas ».
Compte rendu de Garat, chef du service des questions juives de la rafle. Le sort des enfants est évoqué.
Parmi les Juifs internés à Mérignac, Luba Fogiel, sœur de ma grand-mère, lettone et non lithuanienne, Antoinette Alisvaks, soeur de mon père, lettone et non lettonnienne, Euta Husetowski, sœur de ma grand-mère, lettone et non polonaise, Mendel Husetowski, mari de Euta, Hirsh Alisvaks, mari d’Antoinette et Iceck Fogiel, mari de Luba. On voit également apparaître douze Juifs hongrois qui n’auraient jamais dû être déportés et les parents de Boris Cyrulnik.
20 juillet 1942
Papon transmet à l’intendant de police les félicitations du préfet régional pour la manière dont a été amené le convoi de Mérignac à Drancy…
23 juillet 1942
Le préfet régional transmet l’expression de sa satisfaction pour la manière dont la police a mené les rafles…
24 juillet 1942
Garat, le chef du service des questions juives rend compte que parmi les Juifs étrangers figurent 33 Juifs français et 2 Juifs de plus de 45 ans.
Au cœur du crime contre l’Humanité
Les documents de juillet 1942 montrent les exemptions appliquées à cette époque (on ne déporte pas les moins de 16 ans et les plus de 45 ans). En conclusion, il est noté que « L’exécution de ces mesures est difficile (…) mais possible. » Amouroux disait « c’était difficile pour tout le monde ». Mon père précisait « Oui, mais pour certains, c’était encore plus difficile… »
Sur la liste des enfants juifs arrêtés dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, on trouve Dora et Jean Husetowski, 9 et 2 ans, nièce et neveu de mon père. Placés chez une de ses tantes Jese Brittman, ils échapperont à la déportation. Il est également question de Euta et Abraham Husetowski, un oncle et une tante de mon père et parents de Jean et Dora et des parents de Boris Cyrulnik, déportés eux aussi. Ils seront déportés.
On voit sur la liste d’août plusieurs personnes qui n’auraient jamais dû être déportées parce que hongrois ; les Stern Léa, 6 ans, et Toba, Lewkowitz Cécile… entre autres. Puis les Juifs hongrois deviennent roumains. Comme l’a dit le Président de la cour d’assises à Papon : « Mais enfin Papon avec ce traficotage de nationalités, on est au cœur du crime contre l’Humanité. »
Les Juifs déportés en août 1942
On retrouve les enfants placés en famille d’accueil en Juillet 1942, pour qui je le rappelle aucun ordre n’avait été donné. J’ai retrouvé 50 noms.
Adler Yvon ou Yvan, né le 26/12/1925, Budapest – Ananon William, né le 13/07/1931 à Alger – Ananon Gérard, né le 6/10/1935 à Alger – Baskin Jacquekline, née le 10/05/19323 à Nancy – Baskin Michel, né le 11/07/1937 à Nancy – Bencarassa Claude, né le 12/06/1931 à Paris – Bencarassa Yolande, née le 7/11/1927 à Marseille – Bluwol ou Blumol Rachel, née le 19/??/1928 à Paris – Bojmal Pauline, née le 17/08/1934 à Paris – Bojmal Jacqueline, née le 17/08/1934 à Paris – Brachmann Mireille, née le 18/05/1935 à Paris – Furmansky Esther, née le 5/03/1927 à Paris – Felstenzig ou Ferstenzig Emile, né 4/07/1938 à Paris – Finkelstein Manfred ou Michel, né le 4/07/1938 à Paris – Junger Jacqueline, née le 29/11/1934 à Lille – Kaim Claude, né le 28/02/1926 à Oran – Kaim Roger, né le 27/06/1930 à Oran – Kaim Edmond, né le 19/06/1933 à Oran – Kimelman Charles, né le 6/11/1936 à Liège – Kimelman Bernard, né le 20/06/1934 à Liège – Geydier Fanny, née le 10/03/?? (10 ans) à Angoustow – Griff Charlotte, 9 ans, née à Plowa – Griff Maurice, né en 1935 à Reims – Griff Simon, né en 1937 à Reims – Junger Jacques, né le 20/10/1938 à Lille – Lewkowicz Maurice, né le 28/05/1931 à Paris – Lokiec David, né le 6/04/1928 à Paris – Furmanski Bernard, né le 8/09/1932 à Paris – Furmanski Adolphe, né le 16/02/1936 à Paris – Grossang Anna, 4 ans, née à Nancy – Gutter Hélène, née le 20/12/?? ( 7 ans) à Praszzla – Oafti Gilberte, née le 8/07/1929 à Paris – Plewinsky Jeannine, née le 16/08/1938 à Nancy – Tysslat Sabine, 10/11/1933 à Paris – Woland Arlette, née le 7/12/1935 à Paris – Zimeliowitch Nicole, née le 21/12/1932 à Paris – Melendez Robert, né le 16/08/1931 à Arcachon – Rubbin Robert, né le 12/02/1937 à Paris – Rothman Robert, né le 30/03/1928 à Paris – Stern David, né 20/04/1931 à Restelky – Swarc Salomon, né le 18/07/1938 à Paris – Weinberg Henri, né le 20/12/1932 à Paris – Finkelstein Michel, né 29/04/1933 à Bordeaux – Zyguel Léon, né le 1/05/1927 à Paris – Zyguel Maurice, né le 30/12/1925 à Paris – Plewinski Henri , né le 8/07/1933 à Nancy – Grossang Léon, né en 1935 à Nancy – Molho Sylvain, né le 12/05/1927 à Salonique – Molho David, né le 18/03/1929 à Salonique.
Le 19 août 1942, le directeur du camp de Mérignac demande quel sort réserve-t-on aux enfants au service des questions juives. Il propose même une solution d’accueil. Le résultat, ici donne une idée de la réponse : Max et Charlotte Messer, respectivement 6 et 12 ans, seront déportés à Auschwitz le 21 septembre 1942. Jeannette, Simon, Maurice et Léon, respectivement 9 ans, 4 ans, 6 ans et 1 an seront déportés à Auschwitz le 26 août 1942. André et Arlette Sztoyner, en fait Stajner, respectivement 1 an et 3 ans seront déportés le 21 septembre 1942 pour Auschwitz. Lewkowitz Maurice, 11 ans, sera déporté le 26 Août 1942 à Auschwitz. Prync Daniel, 16 ans, sera déporté le 26 août 1942 à Auschwitz.
28 août 1942
Papon requiert le lieutenant colonel commandant de la 18ème légion de gendarmerie pour escorter le convoi d’israélites.
Désaccord entre Bordeaux et Rennes sur la nationalité du Juif Wolfman ; sa déportation en dépend. Il sera envoyé vers Drancy puis Sobibor. Garat utilise le terme de déportation et pas dans le sens Bordeaux – Drancy, comme l’a prétendu Papon au cours du procès, mais bien au départ de Drancy. Ils savaient tous.
16 Sept. 1942
Le service des question juives répond au directeur du camp de Mérignac Beaudésert. Voilà à quoi se résume la déportation.
L'argent des déportés
Le 3 septembre 1942, le directeur du camp de Mérignac remet à Garat, chef du service des questions juives, 283 580 francs et 4 dollars saisis sur les déportés. Au cours du procès Juliette Benzazon expliquait qu’on avait saisi l’argent de poche d’une enfant et qu’en 1997, la Caisse des Dépôts et Consignation avait bien cette somme augmentée des intérêts, mais refusait de la restituer… Selon l’INSEE, 283 000 francs de 1942 équivalent à 80 000 euros environ.
Octobre 1942
Papon fait le compte des Juifs arrêtés – parmi les 3 enfants figure Bernard Fogiel le frère d’Esther, 6 ans.
7 décembre 1942
Le 2 décembre 1942, le capitaine Doberschutz demande la libération de Mmes Léon, Wolf et Slitinsky, libération qui intervient le 5. Sauf que Papon a prétendu qu’elles avaient été libérées grâce à lui.
Il y a eu 12 rafles et 3 transports à Bordeaux, mais je ne présente ici que des archives qui concernent les trois rafles au cours desquelles ma famille bordelaise fut déportée. Les documents datent 1942, la pire période pour les Juifs de France… « l’année noire » au cours de laquelle, en quatre mois, partiront près de la moitié des convois de déportés de la guerre – soit 34 convois sur 79.
La première pièce
Courrier de M° Boulanger déposant plainte contre Maurice Papon au nom de la famille Matisson-Fogiel, le 8 décembre 1981.
Il s’agit du courrier de notre avocat, Gérard Boulanger déposant plainte contre Maurice Papon au nom de notre famille. Mon père Maurice Matisson, ma grand-mère Ilka, Jacqueline en français, ma cousine Esther Fogiel et moi-même sommes les quatre premiers plaignants, ceux qui ont déclenché l’affaire et ceux qui ont été toujours présents dans la procédure. À chaque annulation, la justice revenait à notre dépôt de plainte initial. C’est la raison pour laquelle, elle est cotée D1/1
Les premières archives
Le 18 octobre 1940, le statut des Juifs est publié au journal officiel. Ici nous avons le brouillon annoté de la main même de Pétain où, pour la première fois, l’État français définit une race juive. À chaque fois que son écriture apparaît, c’est pour aggraver le statut des Juifs et les mesures qui sont proposées. Pétain apparaît donc comme un antisémite, ce qui donne un sens très particulier à l’action de tous ces présidents qui, jusqu’à Mitterrand, ont continué à fleurir sa tombe dans le cimetière communal de Port-Joinville, le principal village de l’île d’Yeu, en signe de respect.
La rature de l’alinéa a) de l’article 4 condamne les Juifs bordelais (communauté de 5000 Juifs environ avant guerre), puisque la communauté juive bordelaise est marrane – c’est à dire qu’elle est arrivée en France entre les années 1500 et 1600.
Été 1942, au cœur de l'année noire
Papon et Varaut, son avocat ne cesseront de dire au cours du procès que Papon n’a jamais signé d’ordre d’arrestation.
« Je charge pour le moment, M. le commandant de Gendarmerie de procéder à l’arrestation de ces Juifs et à leur transfèrement au camp de Mérignac, me réservant dès qu’ils auront été rassemblés dans le camp, de prescrire leur mise en route sur le camp de Drancy.
signé p. le préfet régional
Le secrétaire général
Maurice Papon«
12 équipes, 24 inspecteurs. Puis 11 équipes, 22 inspecteurs pour aller arrêter les Juifs, dans le premier cas les Husetowski, et dans le second les Alisvaks.
14 juillet 1942
Papon à Leguay. On notera qu’il emploie le mot de « déportation », lui qui affirmait au procès « Oui, mais on ne savait pas ».

Compte rendu de Garat, chef du service des questions juives de la rafle. Le sort des enfants est évoqué.
Parmi les Juifs internés à Mérignac, Luba Fogiel, sœur de ma grand-mère, lettone et non lithuanienne, Antoinette Alisvaks, soeur de mon père, lettone et non lettonnienne, Euta Husetowski, sœur de ma grand-mère, lettone et non polonaise, Mendel Husetowski, mari de Euta, Hirsh Alisvaks, mari d’Antoinette et Iceck Fogiel, mari de Luba. On voit également apparaître douze Juifs hongrois qui n’auraient jamais dû être déportés et les parents de Boris Cyrulnik.
20 juillet 1942
Papon transmet à l’intendant de police les félicitations du préfet régional pour la manière dont a été amené le convoi de Mérignac à Drancy…
23 juillet 1942
Le préfet régional transmet l’expression de sa satisfaction pour la manière dont la police a mené les rafles…
24 juillet 1942
Garat, le chef du service des questions juives rend compte que parmi les Juifs étrangers figurent 33 Juifs français et 2 Juifs de plus de 45 ans.
Au cœur du crime contre l’Humanité
Les documents de juillet 1942 montrent les exemptions appliquées à cette époque (on ne déporte pas les moins de 16 ans et les plus de 45 ans). En conclusion, il est noté que « L’exécution de ces mesures est difficile (…) mais possible. » Amouroux disait « c’était difficile pour tout le monde ». Mon père précisait « Oui, mais pour certains, c’était encore plus difficile… »
Sur la liste des enfants juifs arrêtés dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, on trouve Dora et Jean Husetowski, 9 et 2 ans, nièce et neveu de mon père. Placés chez une de ses tantes Jese Brittman, ils échapperont à la déportation. Il est également question de Euta et Abraham Husetowski, un oncle et une tante de mon père et parents de Jean et Dora et des parents de Boris Cyrulnik, déportés eux aussi. Ils seront déportés.
On voit sur la liste d’août plusieurs personnes qui n’auraient jamais dû être déportées parce que hongrois ; les Stern Léa, 6 ans, et Toba, Lewkowitz Cécile… entre autres. Puis les Juifs hongrois deviennent roumains. Comme l’a dit le Président de la cour d’assises à Papon : « Mais enfin Papon avec ce traficotage de nationalités, on est au cœur du crime contre l’Humanité. »
Les Juifs déportés en août 1942
On retrouve les enfants placés en famille d’accueil en Juillet 1942, pour qui je le rappelle aucun ordre n’avait été donné. J’ai retrouvé 50 noms.
Adler Yvon ou Yvan, né le 26/12/1925, Budapest – Ananon William, né le 13/07/1931 à Alger – Ananon Gérard, né le 6/10/1935 à Alger – Baskin Jacquekline, née le 10/05/19323 à Nancy – Baskin Michel, né le 11/07/1937 à Nancy – Bencarassa Claude, né le 12/06/1931 à Paris – Bencarassa Yolande, née le 7/11/1927 à Marseille – Bluwol ou Blumol Rachel, née le 19/??/1928 à Paris – Bojmal Pauline, née le 17/08/1934 à Paris – Bojmal Jacqueline, née le 17/08/1934 à Paris – Brachmann Mireille, née le 18/05/1935 à Paris – Furmansky Esther, née le 5/03/1927 à Paris – Felstenzig ou Ferstenzig Emile, né 4/07/1938 à Paris – Finkelstein Manfred ou Michel, né le 4/07/1938 à Paris – Junger Jacqueline, née le 29/11/1934 à Lille –
Kaim Claude, né le 28/02/1926 à Oran – Kaim Roger, né le 27/06/1930 à Oran – Kaim Edmond, né le 19/06/1933 à OranKimelman Charles, né le 6/11/1936 à Liège – Kimelman Bernard, né le 20/06/1934 à Liège – Geydier Fanny, née le 10/03/?? (10 ans) à Angoustow – Griff Charlotte, 9 ans, née à Plowa – Griff Maurice, né en 1935 à Reims – Griff Simon, né en 1937 à Reims – Junger Jacques, né le 20/10/1938 à Lille – Lewkowicz Maurice, né le 28/05/1931 à Paris – Lokiec David, né le 6/04/1928 à Paris – Furmanski Bernard, né le 8/09/1932 à Paris – Furmanski Adolphe, né le 16/02/1936 à Paris – Grossang Anna, 4 ans, née à Nancy – Gutter Hélène, née le 20/12/?? ( 7 ans) à Praszzla – Oafti Gilberte, née le 8/07/1929 à Paris – Plewinsky Jeannine, née le 16/08/1938 à Nancy – Tysslat Sabine, 10/11/1933 à Paris – Woland Arlette, née le 7/12/1935 à Paris – Zimeliowitch Nicole, née le 21/12/1932 à Paris – Melendez Robert, né le 16/08/1931 à Arcachon – Rubbin Robert, né le 12/02/1937 à Paris – Rothman Robert, né le 30/03/1928 à Paris – Stern David, né 20/04/1931 à Restelky – Swarc Salomon, né le 18/07/1938 à Paris – Weinberg Henri, né le 20/12/1932 à Paris – Finkelstein Michel, né 29/04/1933 à Bordeaux – Zyguel Léon, né le 1/05/1927 à Paris – Zyguel Maurice, né le 30/12/1925 à Paris – Plewinski Henri , né le 8/07/1933 à Nancy – Grossang Léon, né en 1935 à Nancy – Molho Sylvain, né le 12/05/1927 à Salonique – Molho David, né le 18/03/1929 à Salonique.
Le 19 août 1942, le directeur du camp de Mérignac demande quel sort réserve-t-on aux enfants au service des questions juives. Il propose même une solution d’accueil. Le résultat, ici donne une idée de la réponse : Max et Charlotte Messer, respectivement 6 et 12 ans, seront déportés à Auschwitz le 21 septembre 1942. Jeannette, Simon, Maurice et Léon, respectivement 9 ans, 4 ans, 6 ans et 1 an seront déportés à Auschwitz le 26 août 1942. André et Arlette Sztoyner, en fait Stajner, respectivement 1 an et 3 ans seront déportés le 21 septembre 1942 pour Auschwitz. Lewkowitz Maurice, 11 ans, sera déporté le 26 Août 1942 à Auschwitz. Prync Daniel, 16 ans, sera déporté le 26 août 1942 à Auschwitz.
28 août 1942
Papon requiert le lieutenant colonel commandant de la 18ème légion de gendarmerie pour escorter le convoi d’israélites.
Désaccord entre Bordeaux et Rennes sur la nationalité du Juif Wolfman ; sa déportation en dépend. Il sera envoyé vers Drancy puis Sobibor. Garat utilise le terme de déportation et pas dans le sens Bordeaux – Drancy, comme l’a prétendu Papon au cours du procès, mais bien au départ de Drancy. Ils savaient tous.
16 Sept. 1942
Le service des question juives répond au directeur du camp de Mérignac Beaudésert. Voilà à quoi se résume la déportation.
L'argent des déportés
Le 3 septembre 1942, le directeur du camp de Mérignac remet à Garat, chef du service des questions juives, 283 580 francs et 4 dollars saisis sur les déportés. Au cours du procès Juliette Benzazon expliquait qu’on avait saisi l’argent de poche d’une enfant et qu’en 1997, la Caisse des Dépôts et Consignation avait bien cette somme augmentée des intérêts, mais refusait de la restituer… Selon l’INSEE, 283 000 francs de 1942 équivalent à 80 000 euros environ.
Octobre 1942
Papon fait le compte des Juifs arrêtés – parmi les 3 enfants figure Bernard Fogiel le frère d’Esther, 6 ans.
7 décembre 1942
Le 2 décembre 1942, le capitaine Doberschutz demande la libération de Mmes Léon, Wolf et Slitinsky, libération qui intervient le 5. Sauf que Papon a prétendu qu’elles avaient été libérées grâce à lui.
Il y a eu 12 rafles et 3 transports à Bordeaux, mais je ne présente ici que des archives qui concernent les trois rafles au cours desquelles ma famille bordelaise fut déportée. Les documents datent 1942, la pire période pour les Juifs de France… « l’année noire » au cours de laquelle, en quatre mois, partiront près de la moitié des convois de déportés de la guerre – soit 34 convois sur 79.
La première pièce
Courrier de M° Boulanger déposant plainte contre Maurice Papon au nom de la famille Matisson-Fogiel, le 8 décembre 1981.
Il s’agit du courrier de notre avocat, Gérard Boulanger déposant plainte contre Maurice Papon au nom de notre famille. Mon père Maurice Matisson, ma grand-mère Ilka, Jacqueline en français, ma cousine Esther Fogiel et moi-même sommes les quatre premiers plaignants, ceux qui ont déclenché l’affaire et ceux qui ont été toujours présents dans la procédure. À chaque annulation, la justice revenait à notre dépôt de plainte initial. C’est la raison pour laquelle, elle est cotée D1/1.
Les premières archives
Le 18 octobre 1940, le statut des Juifs est publié au journal officiel. Ici nous avons le brouillon annoté de la main même de Pétain où, pour la première fois, l’État français définit une race juive. À chaque fois que son écriture apparaît, c’est pour aggraver le statut des Juifs et les mesures qui sont proposées. Pétain apparaît donc comme un antisémite, ce qui donne un sens très particulier à l’action de tous ces présidents qui, jusqu’à Mitterrand, ont continué à fleurir sa tombe dans le cimetière communal de Port-Joinville, le principal village de l’île d’Yeu, en signe de respect.
La rature de l’alinéa a) de l’article 4 condamne les Juifs bordelais (communauté de 5000 Juifs environ avant guerre), puisque la communauté juive bordelaise est marrane – c’est à dire qu’elle est arrivée en France entre les années 1500 et 1600.
Été 1942,
au cœur de l'année noire
Un ordre d’arrestation signé Papon, juin ou juillet 1942 :
« Je charge pour le moment, M. le commandant de Gendarmerie de procéder à l’arrestation de ces Juifs et à leur transfèrement au camp de Mérignac, me réservant dès qu’ils auront été rassemblés dans le camp, de prescrire leur mise en route sur le camp de Drancy.
signé p. le préfet régional
Le secrétaire général
Maurice Papon »
Papon et Varaut, son avocat ne cesseront de dire au cours du procès que Papon n’a jamais signé d’ordre d’arrestation.
12 équipes, 24 inspecteurs. Puis 11 équipes, 22 inspecteurs pour aller arrêter les Juifs, dans le premier cas les Husetowski, et dans le second les Alisvaks.
14 juillet 1942
Papon à Leguay. On notera qu’il emploie le mot de « déportation », lui qui affirmait au procès « Oui, mais on ne savait pas ».
Compte rendu de Garat, chef du service des questions juives de la rafle. Le sort des enfants est évoqué.
Parmi les Juifs internés à Mérignac, Luba Fogiel, sœur de ma grand-mère, lettone et non lithuanienne, Antoinette Alisvaks, soeur de mon père, lettone et non lettonnienne, Euta Husetowski, sœur de ma grand-mère, lettone et non polonaise, Mendel Husetowski, mari de Euta, Hirsh Alisvaks, mari d’Antoinette et Iceck Fogiel, mari de Luba. On voit également apparaître douze Juifs hongrois qui n’auraient jamais dû être déportés et les parents de Boris Cyrulnik.
20 juillet 1942
Papon transmet à l’intendant de police les félicitations du préfet régional pour la manière dont a été amené le convoi de Mérignac à Drancy…
23 juillet 1942
Le préfet régional transmet l’expression de sa satisfaction pour la manière dont la police a mené les rafles…
24 juillet 1942
Garat, le chef du service des questions juives rend compte que parmi les Juifs étrangers figurent 33 Juifs français et 2 Juifs de plus de 45 ans.
Au cœur du crime contre l’Humanité
Les documents de juillet 1942 montrent les exemptions appliquées à cette époque (on ne déporte pas les moins de 16 ans et les plus de 45 ans). En conclusion, il est noté que « L’exécution de ces mesures est difficile (…) mais possible. » Amouroux disait « c’était difficile pour tout le monde ». Mon père précisait « Oui, mais pour certains, c’était encore plus difficile… »
Sur la liste des enfants juifs arrêtés dans la nuit du 15 au 16 juillet 1942, on trouve Dora et Jean Husetowski, 9 et 2 ans, nièce et neveu de mon père. Placés chez une de ses tantes Jese Brittman, ils échapperont à la déportation. Il est également question de Euta et Abraham Husetowski, un oncle et une tante de mon père et parents de Jean et Dora et des parents de Boris Cyrulnik, déportés eux aussi. Ils seront déportés.
On voit sur la liste d’août plusieurs personnes qui n’auraient jamais dû être déportées parce que hongrois ; les Stern Léa, 6 ans, et Toba, Lewkowitz Cécile… entre autres. Puis les Juifs hongrois deviennent roumains. Comme l’a dit le Président de la cour d’assises à Papon : « Mais enfin Papon avec ce traficotage de nationalités, on est au cœur du crime contre l’Humanité. »
Les Juifs déportés en août 1942
On retrouve les enfants placés en famille d’accueil en Juillet 1942, pour qui je le rappelle aucun ordre n’avait été donné. J’ai retrouvé 50 noms.
Adler Yvon ou Yvan, né le 26/12/1925, Budapest – Ananon William, né le 13/07/1931 à Alger – Ananon Gérard, né le 6/10/1935 à Alger – Baskin Jacquekline, née le 10/05/19323 à Nancy – Baskin Michel, né le 11/07/1937 à Nancy – Bencarassa Claude, né le 12/06/1931 à Paris – Bencarassa Yolande, née le 7/11/1927 à Marseille – Bluwol ou Blumol Rachel, née le 19/??/1928 à Paris – Bojmal Pauline, née le 17/08/1934 à Paris – Bojmal Jacqueline, née le 17/08/1934 à Paris – Brachmann Mireille, née le 18/05/1935 à Paris – Furmansky Esther, née le 5/03/1927 à Paris – Felstenzig ou Ferstenzig Emile, né 4/07/1938 à Paris – Finkelstein Manfred ou Michel, né le 4/07/1938 à Paris – Junger Jacqueline, née le 29/11/1934 à Lille – Kaim Claude, né le 28/02/1926 à Oran – Kaim Roger, né le 27/06/1930 à Oran – Kaim Edmond, né le 19/06/1933 à Oran – Kimelman Charles, né le 6/11/1936 à Liège – Kimelman Bernard, né le 20/06/1934 à Liège – Geydier Fanny, née le 10/03/?? (10 ans) à Angoustow – Griff Charlotte, 9 ans, née à Plowa – Griff Maurice, né en 1935 à Reims – Griff Simon, né en 1937 à Reims – Junger Jacques, né le 20/10/1938 à Lille – Lewkowicz Maurice, né le 28/05/1931 à Paris – Lokiec David, né le 6/04/1928 à Paris – Furmanski Bernard, né le 8/09/1932 à Paris – Furmanski Adolphe, né le 16/02/1936 à Paris – Grossang Anna, 4 ans, née à Nancy – Gutter Hélène, née le 20/12/?? ( 7 ans) à Praszzla – Oafti Gilberte, née le 8/07/1929 à Paris – Plewinsky Jeannine, née le 16/08/1938 à Nancy – Tysslat Sabine, 10/11/1933 à Paris – Woland Arlette, née le 7/12/1935 à Paris – Zimeliowitch Nicole, née le 21/12/1932 à Paris – Melendez Robert, né le 16/08/1931 à Arcachon – Rubbin Robert, né le 12/02/1937 à Paris – Rothman Robert, né le 30/03/1928 à Paris – Stern David, né 20/04/1931 à Restelky – Swarc Salomon, né le 18/07/1938 à Paris – Weinberg Henri, né le 20/12/1932 à Paris – Finkelstein Michel, né 29/04/1933 à Bordeaux – Zyguel Léon, né le 1/05/1927 à Paris – Zyguel Maurice, né le 30/12/1925 à Paris – Plewinski Henri , né le 8/07/1933 à Nancy – Grossang Léon, né en 1935 à Nancy – Molho Sylvain, né le 12/05/1927 à Salonique – Molho David, né le 18/03/1929 à Salonique.
Le 19 août 1942, le directeur du camp de Mérignac demande quel sort réserve-t-on aux enfants au service des questions juives. Il propose même une solution d’accueil. Le résultat, ici donne une idée de la réponse : Max et Charlotte Messer, respectivement 6 et 12 ans, seront déportés à Auschwitz le 21 septembre 1942. Jeannette, Simon, Maurice et Léon, respectivement 9 ans, 4 ans, 6 ans et 1 an seront déportés à Auschwitz le 26 août 1942. André et Arlette Sztoyner, en fait Stajner, respectivement 1 an et 3 ans seront déportés le 21 septembre 1942 pour Auschwitz. Lewkowitz Maurice, 11 ans, sera déporté le 26 Août 1942 à Auschwitz. Prync Daniel, 16 ans, sera déporté le 26 août 1942 à Auschwitz.
28 août 1942
Papon requiert le lieutenant colonel commandant de la 18ème légion de gendarmerie pour escorter le convoi d’israélites.
Désaccord entre Bordeaux et Rennes sur la nationalité du Juif Wolfman ; sa déportation en dépend. Il sera envoyé vers Drancy puis Sobibor. Garat utilise le terme de déportation et pas dans le sens Bordeaux – Drancy, comme l’a prétendu Papon au cours du procès, mais bien au départ de Drancy. Ils savaient tous.
16 Sept. 1942
Le service des question juives répond au directeur du camp de Mérignac Beaudésert. Voilà à quoi se résume la déportation.
L'argent des déportés
Le 3 septembre 1942, le directeur du camp de Mérignac remet à Garat, chef du service des questions juives, 283 580 francs et 4 dollars saisis sur les déportés. Au cours du procès Juliette Benzazon expliquait qu’on avait saisi l’argent de poche d’une enfant et qu’en 1997, la Caisse des Dépôts et Consignation avait bien cette somme augmentée des intérêts, mais refusait de la restituer… Selon l’INSEE, 283 000 francs de 1942 équivalent à 80 000 euros environ.
Octobre 1942
Papon fait le compte des Juifs arrêtés – parmi les 3 enfants figure Bernard Fogiel le frère d’Esther, 6 ans.
7 décembre 1942
Le 2 décembre 1942, le capitaine Doberschutz demande la libération de Mmes Léon, Wolf et Slitinsky, libération qui intervient le 5. Sauf que Papon a prétendu qu’elles avaient été libérées grâce à lui.