Dans l’extrait INA d’un JT de 1988, que je découvre aujourd’hui, un Papon sur la défensive s’attaque ouvertement et avec insistance à ma famille. Dans une déplorable démarche d’inversion accusatoire il calomnie mon père, pourtant ancien résistant, contrairement à lui, en le qualifiant de récidiviste du faux, de l’erreur voire du mensonge. Il prend même soin de me citer personnellement.
  Une vraie déclaration de guerre.

  Pour la petite histoire mon père porta plainte contre lui pour diffamation, mais perdit le procès – Papon n’ayant pas encore été jugé, il était alors juridiquement impossible de rétablir la vérité. Il était alors défendu par Georges Kiejman, ancien ministre délégué à la justice sous François Mitterrand. Ce dernier eut d’ailleurs l’occasion de démentir que Mitterrand aurait tenté d’étouffer l’affaire — ce que je crois. Mais celui qu’il ne faut pas croire, comme toujours, c’est Papon.

Rétablissement des vérités, point par point

  –  Le télégramme d’Orléans ? Une pure manipulation : finalement, la justice tranchera et donnera tort à Papon.

  –  Le retrait de la famille Brittmann de la liste des victimes bordelaises de la Shoah ? Le juge les avait inclus dans les victimes de la famille en suivant une bourde de Klarsfeld, qui les mentionne par erreur dans sa liste des déportés ; Roger Brittman, l’oncle de mon père, n’a jamais été déporté au-delà du camp de Drancy – où il a rencontré des conditions de détention déjà terribles. Il y fut interné puis libéré, car décoré de 14-18… et voilà pourquoi les Brittmann n’ont jamais été considérés comme des déportés par mon père, qui les a retiré de la liste des victimes.

  –  La négation de ses responsabilités :

Je n’avais aucun pouvoir sur la police ni sur les services du commissariat aux questions juives. (…)
Aucune charge ne pèse contre moi, il n’y a rien dans mon dossier.

  C’est parfaitement faux et encore une fois, la justice le contredira : Papon était directement responsable du service des questions juives. Quant à son dossier, il sera suffisament rempli pour, 10 ans plus tard, le faire condamner à 10 ans de réclusion criminelle.

  –  Un vieux mensonge bien connu des criminels :

J’ai demandé à être inculpé pour avoir accès au dossier !

  Là aussi, la justice lui donnera tort : il a bien été inculpé sur décision judiciaire.

  –  Il prétend ensuite que la première procédure fut annulée à cause d’un dossier vide, entaché d’un vice de forme et d’un juge réticent à prononcer le non-lieu nécessaire. La réalité est que lorsque Papon est inculpé, il demande à être jugé par un jury d’honneur, présidé par Jean-Pierre Pierre-Bloch. Ce dernier sera d’ailleurs le dernier témoin du procès, et il expliquera que si le jury d’honneur affirme que Papon a présenté des titres de résistants, le jury ne les a jamais vérifiés. Il conclut en disant que Papon aurait dû démissionner dès juillet ou juin 1942 et affirme que, pour lui, Papon n’a jamais été résistant.
  Devant ce jury le supérieur vichyste de Papon, Maurice Sabatier — alors entendu comme témoin — revendiquait l’entière responsabilité des actes administratifs commis lors de la guerre… une responsabilité qu’il déclarait partager avec Papon. La procédure fut annulée parce que le juge Nicod a inculpé Papon, mais pas Sabatier… ce sera fait dans la deuxième procédure mais Sabatier mourra de sa belle mort, en liberté, avant de pouvoir être jugé.

  –  Enfin, une affirmation trompeuse :

Je n’ai jamais signé d’ordre de déportation.

  Si Papon entend par là les ordres d’arrestation qui ont conduit aux déportations, le dossier en contient des dizaines. Certes, il touche ici à l’une des grandes failles du procès de Bordeaux : pour des raisons juridiques Papon ne fut poursuivi que pour les 71 victimes représentées par des ayants droit, 71 sur un total de 1 597 déportés et malheureusement, pour ces 71-là, aucun ordre d’arrestation n’a pu être produit. Cela n’aurait pas été le cas si la justice avait élargi la plainte à l’ensemble des victimes de la déportation. En ne le faisant pas, elle laissât Maurice Papon fuir une grande partie de ses responsabilités… mais même si imparfaite, elle permit au final de le condamner et, aussi, de réfuter ses mensonges les plus éhontés.

  Dans l’extrait INA d’un JT de 1988, que je découvre aujourd’hui, un Papon sur la défensive s’attaque ouvertement et avec insistance à ma famille. Dans une déplorable démarche d’inversion accusatoire il calomnie mon père, pourtant ancien résistant, contrairement à lui, en le qualifiant de récidiviste du faux, de l’erreur voire du mensonge. Il prend même soin de me citer personnellement.
  Une vraie déclaration de guerre.

  Pour la petite histoire mon père porta plainte contre lui pour diffamation, mais perdit le procès – Papon n’ayant pas encore été jugé, il était alors juridiquement impossible de rétablir la vérité. Il était alors défendu par Georges Kiejman, ancien ministre délégué à la justice sous François Mitterrand. Ce dernier eut d’ailleurs l’occasion de démentir que Mitterrand aurait tenté d’étouffer l’affaire — ce que je crois. Mais celui qu’il ne faut pas croire, comme toujours, c’est Papon.

Rétablissement des vérités, point par point

  –  Le télégramme d’Orléans ? Une pure manipulation : finalement, la justice tranchera et donnera tort à Papon.

  –  Le retrait de la famille Brittmann de la liste des victimes bordelaises de la Shoah ? Le juge les avait inclus dans les victimes de la famille en suivant une bourde de Klarsfeld, qui les mentionne par erreur dans sa liste des déportés ; Roger Brittman, l’oncle de mon père, n’a jamais été déporté au-delà du camp de Drancy – où il a rencontré des conditions de détention déjà terribles. Il y fut interné puis libéré, car décoré de 14-18… et voilà pourquoi les Brittmann n’ont jamais été considérés comme des déportés par mon père, qui les a retiré de la liste des victimes.

  –  La négation de ses responsabilités :

Je n’avais aucun pouvoir sur la police ni sur les services du commissariat aux questions juives. (…)
Aucune charge ne pèse contre moi, il n’y a rien dans mon dossier.

  C’est parfaitement faux et encore une fois, la justice le contredira : Papon était directement responsable du service des questions juives. Quant à son dossier, il sera suffisament rempli pour, 10 ans plus tard, le faire condamner à 10 ans de réclusion criminelle.

  –  Un vieux mensonge bien connu des criminels :

J’ai demandé à être inculpé pour avoir accès au dossier !

  Là aussi, la justice lui donnera tort : il a bien été inculpé sur décision judiciaire.

  –  Il prétend ensuite que la première procédure fut annulée à cause d’un dossier vide, entaché d’un vice de forme et d’un juge réticent à prononcer le non-lieu nécessaire. La réalité est que lorsque Papon est inculpé, il demande à être jugé par un jury d’honneur, présidé par Jean-Pierre Pierre-Bloch. Ce dernier sera d’ailleurs le dernier témoin du procès, et il expliquera que si le jury d’honneur affirme que Papon a présenté des titres de résistants, le jury ne les a jamais vérifiés. Il conclut en disant que Papon aurait dû démissionner dès juillet ou juin 1942 et affirme que, pour lui, Papon n’a jamais été résistant.
  Devant ce jury le supérieur vichyste de Papon, Maurice Sabatier — alors entendu comme témoin — revendiquait l’entière responsabilité des actes administratifs commis lors de la guerre… une responsabilité qu’il déclarait partager avec Papon. La procédure fut annulée parce que le juge Nicod a inculpé Papon, mais pas Sabatier… ce sera fait dans la deuxième procédure mais Sabatier mourra de sa belle mort, en liberté, avant de pouvoir être jugé.

  –  Enfin, une affirmation trompeuse :

Je n’ai jamais signé d’ordre de déportation.

  Si Papon entend par là les ordres d’arrestation qui ont conduit aux déportations, le dossier en contient des dizaines. Certes, il touche ici à l’une des grandes failles du procès de Bordeaux : pour des raisons juridiques Papon ne fut poursuivi que pour les 71 victimes représentées par des ayants droit, 71 sur un total de 1 597 déportés et malheureusement, pour ces 71-là, aucun ordre d’arrestation n’a pu être produit. Cela n’aurait pas été le cas si la justice avait élargi la plainte à l’ensemble des victimes de la déportation. En ne le faisant pas, elle laissât Maurice Papon fuir une grande partie de ses responsabilités… mais même si imparfaite, elle permit au final de le condamner et, aussi, de réfuter ses mensonges les plus éhontés.

Last modified: 13 juillet 2025